L’événement de la Pentecôte ne peut être compris qu’en lien avec Pâques et l’Ascension. Jésus est mort pour le salut du monde (le Vendredi Saint), ressuscité (le jour de Pâques) et parti rejoindre le Père (à l’Ascension). À la Pentecôte, Dieu le Père envoie aux hommes l’Esprit de son Fils. Cette fête clôt le temps pascal, qui dure sept semaines, et dont elle est le couronnement. Le vent et le feu
Le 50ème jour après Pâques, alors qu’une foule s’est rassemblée pour Chavouot (fête juive commémorant le don de la Loi à Moïse), les Apôtres, Marie et quelques proches entendent un bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent » qui remplit la maison ; c’est un premier signe. Le deuxième signe ne se fait pas attendre : « une sorte de feu qui se partageait en langues et se posa sur chacun d’entre eux ». Et voici le troisième prodige : remplis de l’Esprit Saint, signifié par le vent et le feu, « ils se mirent à parler en d’autres langues ». La foule qui festoie est stupéfaite « parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue ». À tel point que certains les croient « pleins de vin doux » (Ac 2, 1-14) !
Ainsi se réalise la promesse faite par le Christ aux apôtres au moment de son Ascension, une dizaine de jours plus tôt : « vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).
En effet, les apôtres, ayant reçu la force de l’Esprit, ont alors le courage de sortir de la salle du Cénacle où ils étaient craintivement enfermés. Ils commencent aussitôt à témoigner de la résurrection du Christ, à faire connaître son enseignement et à baptiser. Lors de la Pentecôte, l’Eglise est constituée non par une volonté humaine, mais par la force de l’Esprit de Dieu. À la suite de cet événement, naissent les premières communautés chrétiennes qui se sont ensuite organisées, développées et propagées. Don pour tous les hommes
Ce récit des Actes des Apôtres est très significatif : le vent et le feu manifestent – comme dans bien d’autres récits de la Bible – la présence de Dieu. Les langues de feu témoignent de la venue de l’Esprit Saint sur ceux qui étaient présents.
La Bonne Nouvelle ayant vocation à rejoindre tous les hommes, le don de l’Esprit permet aux apôtres de répondre à l’appel du Christ : être ses témoins « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Comme les apôtres, les chrétiens sont appelés à ne pas rester seulement entre eux, hors de la vie et du monde, mais, au contraire, à proclamer clairement et librement la Bonne Nouvelle du salut.
Parce qu’il trouve sa source dans l’événement de la Pentecôte, le sacrement de la confirmation est souvent célébré le jour de cette fête. Au cours de la célébration, l’évêque impose les mains sur chacun des confirmands, manifestant par ce geste le don de l’Esprit.
Des textes à méditer
Des Pères de l'Eglise à aujourd'hui, voici une sélection de textes sur l'Esprit Saint
"Par le péché, nous attristons l'Esprit-Saint "
L'Esprit, dans
l'Ecriture, ne se repose pas sur n'importe quel homme, mais seulement
sur les saints et les bienheureux. L'Esprit de Dieu s'est reposé sur "
ceux qui ont le cœur pur " et sur ceux qui purifient leurs âmes du péché
; au contraire Il n'habite pas un corps livré au péché, même s'Il y a
habité un moment donné. L'Esprit-Saint ne peut souffrir ni communauté ni
partage avec l'Esprit du mal. Il est certain qu'au moment du péché,
c'est l'Esprit du mal qui est dans l'âme du pécheur et qu'il y joue un
rôle. Aussitôt qu'on le laisse entrer et que nous l'accueillons en nous
par de mauvaises pensées et par de mauvais désirs, l'Esprit-Saint, plein
de tristesse et se trouvant à l'étroit, si j'ose ainsi m'exprimer, est
chassé de chez nous. C'est pourquoi l'Apôtre, sachant que les choses se
passent ainsi, donnait le conseil : " N'attristez pas l'Esprit-Saint
dans lequel vous avez été marqués au jour de la Rédemption. " Donc par
le péché, nous attristons l'Esprit-Saint ; au contraire par une vie
juste et sainte, nous Lui préparons en nous un repos.
Origène (185-255)
O feu de l'Esprit paraclet, vie de la vie de toute créature, tu es saint, toi qui vivifies les formes. Tu es saint, toi qui couvres de baume les dangereuses fractures ; tu es saint, toi qui panses les fétides blessures. O souffle de sainteté, ô feu de charité, ô douce saveur dans les cœurs, et pluie dans les âmes, odorante de vertus. O très pure fontaine où l'on voit Dieu assembler les étrangers et rechercher les égarés. O cuirasse de la vie, espoir de l'union de tous les hommes, retraite de la beauté, sauve les êtres ! Garde ceux qu'a emprisonnés l'ennemi et délivre ceux qui sont enchaînés, ceux que veut sauver la divine puissance !
Sainte Hildegarde Extrait de Homélie sur les Nombres, in Sources chrétiennes
Il faut invoquer l'Esprit-Saint
Il faut invoquer
l'Esprit-Saint, car il n'est personne qui n'ait grand besoin de son aide
et de son secours. Tout dépourvus que nous sommes de sagesse et de
force, accablés par les épreuves, portés au mal, nous devons tous
chercher un refuge auprès de celui qui est la source éternelle de la
lumière, de la force, de la consolation, de la sainteté. C'est à lui
d'abord qu'il faut demander ce bien indispensable aux hommes, la
rémission des péchés : " Le propre de l'Esprit-Saint est d'être le don
du Père et du Fils ; la rémission des péchés se fait par l'Esprit-Saint,
en tant que don de Dieu. " De cet Esprit dont la liturgie dit
expressément : " il est la rémission de tous les péchés. " Comment
faut-il le prier ? L'Eglise nous l'enseigne très clairement, elle qui le
supplie et l'adjure par les noms les plus doux : " Venez, Père des
pauvres ; venez, distributeur des grâces ; venez lumière des cœurs ;
consolateur excellent, doux hôte de l'âme, agréable rafraîchissement " ;
elle le conjure de laver, de purifier, de baigner nos esprits et nos
cœurs, de donner à ceux qui ont confiance en lui " le mérite de la
vertu, une heureuse mort et la joie éternelle ". Et l'on ne peut douter
qu'il n'écoute ces prières, celui qui fait écrire de lui-même : L'Esprit
lui-même supplie pour nous avec des gémissements inénarrables. Enfin il
faut lui demander assidûment et avec confiance de nous éclairer de plus
en plus, de nous embraser des feux de son amour, afin qu'appuyés sur la
foi et la charité nous marchions avec ardeur vers les récompenses
éternelles, car il est le gage de notre héritage. Encyclique "Divinum Illud" de Léon XIII (9 mai 1897)
Quand on a le Saint-Esprit, le cœur se dilate, se baigne dans l'Amour divin.
Sans le Saint-Esprit,
nous sommes comme une pierre du chemin. Prenez dans une main une éponge
imbibée d'eau et dans l'autre un petit caillou ; pressez-les également ;
il ne sortira rien du caillou et de l'éponge vous ferez sortir l'eau en
abondance. L'éponge, c'est l'âme remplie du Saint-Esprit, et le
caillou, c'est le cœur froid et dur où le Saint-Esprit n'habite pas.
C'est
le Saint-Esprit qui forme les pensées dans le cœur des justes et qui
engendre les paroles dans leur bouche. Ceux qui ont le Saint-Esprit ne
produisent rien de mauvais ; tous les fruits du Saint-Esprit sont
bons... Quand on a le Saint-Esprit, le cœur se dilate, se baigne dans
l'Amour divin.
Il faudrait dire chaque matin : " Mon Dieu,
envoyez-moi votre Esprit qui me fasse connaître ce que je suis et ce que
vous êtes. "
Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars
Esprit Saint (poème d'Édith Stein)
Qui es-tu, douce lumière qui m'inondes Et illumines l'obscurité de mon coeur ? Tu me conduis par la main comme une mère, Et si Tu me lâchais, je ne saurais faire un pas de plus. Tu es l'espace qui enveloppe mon être et le garde en lui, Abandonné de Toi, il tomberait dans l'abîme du néant dont Tu me tiras pour m'élever à la lumière. Toi, plus proche de moi que je ne le suis de moi-même, Plus intérieur que mon être le plus intime Et pourtant insaisissable et inouï. Surprenant tout nom ESPRIT SAINT, AMOUR ÉTERNEL.
N'es-tu pas la douce manne qui déborde du coeur du Fils Dans mon coeur, Nourriture des anges et des bienheureux ? Lui qui s'éleva de la mort à une vie nouvelle m'a éveillée aussi du sommeil de la mort à une vie nouvelle et me donne vie nouvelle jour après jour. Sa plénitude viendra un jour m'inonder, Vie de Ta vie, oui Toi-même ESPRIT SAINT, VIE ÉTERNELLE.
Es-tu le rayon qui jaillit du trône du juge éternel Et fait irruption dans la nuit de l'âme, Qui jamais ne se connut elle-même ? Miséricordieux, impitoyable, il pénètre les replis cachés. Effrayée à la vue d'elle-même, Elle est saisie d'une crainte sacrée, Le commencement de cette sagesse, Qui nous vient d'en haut et nous ancre solidement dans les hauteurs Par Ton action qui nous crée à neuf, ESPRIT SAINT, RAYON QUI PÉNÈTRE TOUT.
Es-Tu la plénitude de l'esprit et de la force Par laquelle l'Agneau délie les sceaux De l'éternel dessein de Dieu ? Envoyés par Toi, les messagers du jugement chevauchent de par le monde Et séparent d'un glaive acéré Le royaume de la lumière du royaume de la nuit. Alors le ciel devient nouveau et nouvelle la terre Et tout vient à sa juste place Sous ton souffle ESPRIT SAINT, FORCE VICTORIEUSE.
Es-Tu le maître qui édifie la cathédrale éternelle, Qui de la terre s'élève dans les cieux ? Vivifiées par Toi, les colonnes s'enlacent bien haut Et se dressent à jamais inébranlables. Marquées du nom éternel de Dieu, Elles se haussent dans la lumière Et portent la coupole puissante Qui couronne la cathédrale sacrée, Ton oeuvre qui embrasse le monde, ESPRIT SAINT, MAIN DE DIEU QUI FAÇONNE.
Est-ce Toi qui créas le miroir clair Tout proche du trône du Très-Haut, Pareil à une mer de cristal, Où la divinité se contemple avec amour ? Tu Te penches sur la plus belle oeuvre de ta création, Reflet lumineux de Ton propre rayonnement Et de tous les êtres, pure beauté Unie à la figure aimable De la Vierge, Ton épouse immaculée ESPRIT SAINT, CRÉATEUR DE L'UNIVERS.
Es-tu le doux cantique d'amour et de crainte sacrée Qui retentit près du trône de La Trinité, Qui marie en lui le son pur de tous les êtres ? Harmonie qui assemble les membres à la Tête, Et se répand plein d'allégresse, Libre de toute entrave dans Ton jaillissement ESPRIT SAINT, ALLÉGRESSE ÉTERNELLE.
CE POÈME D'ÉDITH STEIN EST DATÉ DE LA PENTECÔTE 1937. LA VEILLE, LE 17 MAl, SA SOEUR ROSA RECEVAIT LE SACREMENT DE CONFIRMATION À BRESLAU.
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